DE-CADENCE

Pour rendre hommage à ce que sont en train de vivre les argentins, voici un texte écrit hier et qui a été lu en public à la soirée du Cabaret Tango de Chico Terto.
Pour mes amis d'Argentine qui traversent cette période terrible, comme ils peuvent.

J’ai rêvé d’une Argentine exubérante et chaleureuse
Colorée, aux regards plein de promesses.

J’ai rêvé et je me suis réveillée Place de Mai dans un climat révolutionnaire.
Le peuple, épuisé, manifeste enfin sa colère, ferveur et noirceur,
Prêt à lyncher les politiques indignes et le système international immoral.
Le peuple vient de mettre fin à des années d’une résignation désespérante,
D’une passivité collective intolérable.

Plusieurs semaines d’émeutes, de pillages et de manifestations bruyantes
Ont vu défiler cinq présidents. Plus de morts et de blessés encore.
La répression est musclée. La police n’a pas perdu sa poigne d’Antan.

Le chaos atteint des sommets.
Même les gens les plus pacifiques sont poussés à la violence.
Etrange liberté que de laisser pour compte les plus pauvres tout en protégeant les plus riches.
La dette extérieure n’est rien à côté de la dette envers ce peuple méprisé.
La désintégration sociale ne fait que commencer.

Mise à mort annoncée d'un pays prometteur, où l'agonie de ce peuple dynamique
Vient du cynisme de quelques-uns qui considèrent l'humain comme moins que rien.

Ce pays qui ne s’appartient même plus à lui-même, se fait entendre aujourd’hui.
Les voisins depuis leur balcon ou dans la rue empoignent leurs casseroles,
et tapent pour ébruiter leur révolte qui se répand à travers toute la ville.
Plus personne ne peut ignorer cela.

Aujourd’hui, les enfants de ceux qui ont construit l’Argentine
Ne rêvent plus que de venir en Europe, où l’air doit être plus sain qu’à Buenos Aires.
Exil forcé.

Je reviens de Buenos Aires où
Quelque chose de vieux est en train de mourir
Quelque chose de nouveau est en train de naître.

A suivre ... De près.