Page d'accueil Présentation de l'Argentine Un historique des relations franco-argentines Présentation des Argentins Le Tango en France L'actualite franco-argentine Liens vers la communaute argentine en France Comment nous contacter ...

_
 Argentins
[Les argentins] [Paroles données] [Interviews] [Restaurants]

Les Argentins en France

Officiellement, on dénombre environ 4 000 Argentins dans la capitale. Il y aurait entre 6 000 et 7 000 Argentins dans la France entière.

Il n'y a pas de quartiers argentins à Paris. Il existe néanmoins quelques regroupements dans le 5ème, le 11ème et le 16ème arrondissements.

Beaucoup d'Argentins vivant à Paris sont artistes (écrivains, chanteurs, musiciens, cinéastes, metteurs en scène) Les autres sont surtout scientifiques (deuxième nationalité représentée au CNRS), architectes ou encore médecins et psychanalystes.

Les Argentins et la psychanalyse

Baptisée "pays du divan" en Amérique Latine, l'Argentine détient le nombre record de psys par habitant. à Paris, les Argentins constituent la plus forte communauté de psychanalystes étrangers. Analyse d'un phénomène ...

"Nous servirons le thé dès que la bonne reviendra de sa séance de psychanalyse". Cette blague très en vogue il y a une dizaine d'années à Buenos Aires montre l'étendue du phénomène en Argentine. A ses débuts apanage de l'élite de Buenos Aires, la psychanalyse s'est immiscée peu à peu dans presque toutes les couches de la population et à travers toutes les régions du pays. De la même façon qu'ici, les mots "libido" "Oedipe" ou "lapsus" sont passés dans le vocabulaire courant.

On évalue à 5000 le nombre de psychanalystes en Argentine. A Paris, ils constituent la plus importante communauté d'analystes étrangers. Difficile pourtant de connaître leur nombre exact, tant leur hantise du ghetto les empêche de former un groupe homogène.
Le psychanalyste argentin Juan-David Nasio est arrivé à Paris en 1969. Il avait 26 ans. "J'étais déjà psychiatre et psychanalyste, raconte-t-il. Je venais pour suivre les séminaires de Lacan. Paris m'attirait de façon étrange et très forte. C'était pour moi un lieu de rêve et de savoir à la fois. Je ne suis jamais reparti". à l'instar de plus de la moitié des Argentins, tous les grand-parents de Juan David Nasio ont émigré d'Europe au début du siècle. Il définit la culture Argentine ainsi : espagnole par la langue, italienne dans la vie quotidienne et française par la culture. Sans oublier une très forte influence des juifs d'Europe Centrale dans le monde de la pensée.

Dès les années 30, des groupes d'intellectuels, parmi lesquels beaucoup d'Européens qui avaient fui le fascisme, se réunissaient à Buenos Aires pour étudier Freud. Auteurs prolifiques, ils ont aussi formé de nombreux psychanalystes. La psychanalyse a continué à se développer dans la Buenos Aires des années 50 et 60, ce "Paris d'Amérique" où les livres de l'école de Francfort puis de Sartre étaient édités au même moment qu'à Paris. à cette époque, les milieux littéraires français et argentins étaient étroitement liés. Victoria et Silvina Ocampo, Jose-Luis Borges, Adolfo Bioy Casares fréquentaient les salons parisiens. Roger Caillois montrait aux visiteurs de passage son portrait en "gaucho", en homme de la pampa, souvenir d'un séjour dans les terres australes.

A partir des années 70, une nouvelle vague de psychanalystes argentins a déferlé à Paris : les "psychobolchos" (bolchéviques psychanalysés). Cette gauche freudienne militante a payé un lourd tribut au régime militaire, comme tous ceux qui s'entêtaient à penser à cette époque en Argentine.
"J'ai débarqué à Orly en 1972 avec une valise pleine de livres, une Olivetti et un sac de pulls, se souvient Gregorio Ruben Devito. Les gendarmes m'ont demandé : "Vous venez pour longtemps ?" J'ai répondu "deux mois". L'un deux a grommelé : "Ce gars-là, il m'a tout l'air de venir s'installer". Ils m'ont laissé passer. Nous, Argentins, bénéficions alors d'une sorte de traitement de faveur. Ensuite, je suis allé directement à Vincennes. J'étais venu pour connaître Foucault, Althusser, Lacan, et c'était aussi une quête d'identité, je voulais savoir ce qu'il y avait derrière ce masque d'Argentin".

Dans l'imaginaire populaire latino-américain, l'Argentin est une espèce d'Européen hispanophone, doté d'un ego de belle taille et forcément taraudé par ses origines. "Les Mexicains descendent des Aztèques, les Péruviens des Incas et les Argentins descendent des bateaux", dit un proverbe que les Argentins aiment citer. Car cette culture déracinée a aussi donné naissance à une autodérision féroce. "Nous rions beaucoup de nous-mêmes, explique Gregorio Ruben Devito. Parce que nous aimons rigoler, certes, mais surtout pour empêcher les autres de le faire. Nous les devançons".

Buenos Aires détient toujours le record du nombre de psychanalystes par habitant. Au nord de la ville, on peut toujours visiter le quartier "Villa Freud", ainsi nommé parce que la plupart des psychanalystes y résident. Rien de tel à Paris. Une autre histoire ironique et auto-critique dont les Argentins ont le secret, met en scène un Argentin sur la Tour Eiffel, qui contemple Paris pour voir à quoi la ville ressemble sans lui ...

_

_